La démocratie est mortelle. Pas l’espoir.
1968. Année symbolique ancrée à jamais dans nos mémoires. Assassinat de Martin Luther King, révolte de la jeunesse et luttes ouvrières en France, poings gantés de noir levés par deux hommes conscients sur le podium des J.O de Mexico, et Prague. Prague et son printemps éternel, qui ne dura que quelques semaines. Sa portée est cependant toujours bien vivace. En repensant à l’écrasement du printemps de Prague par les blindés il y a cinquante ans, comment ne pas voir en effet que notre histoire commune est hérissée des luttes pour nos droits et que toujours la main d’un bourreau se lève pour les écraser? En 1969, Ian Palach s’immolera pour dénoncer l’occupation soviétique. Ce geste paradoxal gorgé à la fois d’espoir et de désespoir, sera reproduit sous d’autres latitudes pour dénoncer d’autres dictatures. On repense à la jeunesse de Prague suffisamment insolente pour réclamer une autre société et on voit toutes les jeunesses du monde qui réclament le droit de vivre librement. Notre devoir, à nous qui avons le privilège de l’âge est de nous tenir toujours à leurs côtés pour bâtir un monde meilleur. Souvenons-nous que nos fragiles démocraties sont mortelles. Mais pas l’espoir, qui est le propre de notre humanité. L’esprit de résistance ne doit pas nous quitter qu’il s’agisse préserver les libertés fondamentales de chacun, les droits humains des populations migrantes ou le climat de la planète. Pour que le printemps ne dure pas qu’une saison.
Eva Joly is a Member of the European Parliament for the French Greens, a lawyer at the Paris Bar and a former judge.